vendredi 26 avril 2024

Nadine Khouri + Maví Lou, L’Archipel, 25 avril 2024.



Nos pérégrinations du soir nous mènent à l’Archipel, un vieux cinéma qui propose de plus en plus de spectacles et notamment, régulièrement, des concerts. Le lieu impose ainsi une ambiance particulière, public assis, scène située juste à côté de la porte d’entrée (les artistes peuvent voir les gens entrer et sortir avant la fin depuis la scène) et bar dans le fond, auquel il vaut mieux éviter de se rendre une fois le set commencé sous peine de déranger tout le monde. Bref, les allées et venues des uns et des autres forment un drôle de folklore dans la salle. En attendant sur scène nous attendent deux voix merveilleuses. Commençons par la chanteuse Maví Lou, de retour en France après un long exil étasunien et qui va sortir son premier EP sous peu. Jouée en duo de guitares (une électrique aux nombreux effets sonores et une acoustique) la musique est d’une grande délicatesse. Aux arpèges soyeux de l’acoustique répondent le son vaporeux de la guitare électrique dans une sorte de bulle pop, folk et cotonneuse, un doux cocon musical dans lequel il fait bon se lover, bercé par la voix aussi douce que la soie de la chanteuse, qui de plus possède beaucoup d’humour. Superbe moment !

Au risque d’être incompris, nous sommes ici tentés d’écrire que le silence occupe une place prépondérante dans le rendu scénique de la musique de Nadine Khouri. Le silence et au-delà la façon dont les musiciens sculptent ce silence de leurs notes pour faire ressortir l’émotion. Chez Nadine Khouri et son groupe (Boris Boublil aux claviers et Marion Grandjean à la batterie) l’important n’est pas d’étourdir le public sous les décibels mais plutôt de jouer à bon escient, donnant finalement autant d’importance à la note jouée qu’à celle qui est retenue. Creuser le temps au maximum du tempo, effleurer les cordes de la guitare ou les touches du clavier rêveur au bon moment, celui qui va permettre à l’émotion de se déployer au fil des notes. Usant de moult effets sur sa guitare, Nadine nous plonge dans un univers onirique prolongée par sa voix éraillée. L’effet atteint son climax lorsque son ami Adrian Crowley, plutôt rare sur les scènes françaises, vient rejoindre la chanteuse sur scène pour un enchaînement de titres assez exceptionnels. Emue, douce et émouvante, le sourire éternellement gravé sur son visage, Nadine Khouri nous a ravis une heure et demie durant.

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jeudi 25 avril 2024

BAD JUICE

 





Ayant le vent en poupe depuis le début des années 2000, la formule en duo batterie/guitare est devenue peu à peu un cliché rock du 21ème siècle, entre-autre grâce au succès rencontré par des groupes nommés en noir (The Black Keys) ou blanc (The White Stripes). Dans l’imaginaire collectif s’est imposée l’image du duo rock garage, pédale fuzz et batterie frénétique. Un groupe (un duo donc) vient bousculer la donne et il est français : Bad Juice, originaire de Strasbourg ! Les deux derniers albums du groupe « Stack-O-Lee » (2019) et « Amour Noir » (sortie le 17 mai 2024) rendent obsolètes tous les clichés mentionnés auparavant. Friands d’influences anglo-saxonnes, le duo n’hésite pas à faire appel à des noms prestigieux pour produire ses albums, le New-Yorkais Matt Verta-Ray (Heavy Trash) ou la Britannique Gemma Ray. Autant de collaborations qui ont permis au groupe de percer le plafond de verre et intégrer des sonorités allant de la new-wave (« Amour Noir ») aux balades teintées de country (« Wichita Country ») tout en restant fidèle à une esthétique rock’n’roll aux formes variées, de la power-pop au blues. Chez Bad Juice, on retrouve un peu tout ce que l’on aime, joué avec enthousiasme et passion, un véritable road-trip en musique dans un décor de western fantasmé. A découvrir sur les trois albums du groupe !

En concert le 4 mai au Trabendo en première partie des Howlin’Jaws.

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mercredi 24 avril 2024

Cécile McLorin Salvant et l’Orchestre national d’Île-de-France, Maison des Arts de Créteil, 23 avril 2024

De son propre aveu, la chanteuse franco-américaine a plus l’habitude des big band que des grands orchestres symphoniques. L’exercice lui sied pourtant à merveille. Ainsi, l’Orchestre national d’Île-de-France (quarante musiciens) a donné une carte blanche à la chanteuse pour composer le programme au gré de ses envies. Au programme du classique attendu : George Gershwin (pour un intermède instrumental), Kurt Weill (l’Opéra de quat’sous), le merveilleux Michel Legrand (Devant le garage, extrait des Parapluies de Cherbourg) ou bien encore Frank Sinatra et Duke Ellington. Et puis des pièces moins connues de Stephen Sondheim ou Billy Strayhorn. Cécile McLorin Salvant ne s’est pas attaquée à l’exercice toute seule et est accompagnée (en sus de l’orchestre) de son propre trio, le fidèle et inamovible pianiste Sullivan Fortner, extrêmement délicat et talentueux, le contrebassiste David Wong et le batteur Kush Abadey. Les deux univers se rencontrent, s’amalgament, le trait d’union entre envolées classiques (vents, cordes et un pupitre de percussions) et swing jazz est parfait. Mais tout cela ne serait rien sans le charisme et l’élégance vocale de Cécile, aussi à l’aise pour chanter en anglais qu’en français qui transporte l’auditeur dans un univers de comédie musicale digne de l’âge d’or d’Hollywood. Non seulement Cécile chante à la perfection avec ce qu’il faut de coffre et d’émotion, mais incarne littéralement les textes avec moult contorsions et expressions du visage. Sa diction est également parfaite. Un talent immense, une des plus grandes chanteuses de sa génération.

lundi 22 avril 2024

Oisin Leech : « Cold Sea »

 


Appelons-cela le pouvoir d’évocation de la musique. Dès les notes inaugurales de son premier album solo, Oisin Leech, la moitié de The Lost Brothers, nous transporte. Porté par la grâce des arpèges délicats des guitares acoustiques et autres contrebasses, l’auditeur rêvasse à un endroit isolé et paisible. Peut-être est-ce la verte Irlande, le comté de Donegal, où l’album a été enregistré ? Mais peut-être est-il mieux de laisser son esprit vagabonder là où bon lui semble à l’écoute de cette douce mélopée. D’une infinie délicatesse et aussi à cause de la mélancolie palpable qui s’en dégage, la musique d’Oisin Leech n’est pas s’en rappeler les heures iconiques du folk anglais, en particulier Nick Drake. Mais Leech est un musicien d’aujourd’hui qui colore ses chansons de nappes vaporeuses électronique pour en accentuer l’onirisme. A l’instar de la sublime pochette qui l’orne, l’album, composé de titres suffisamment courts pour empêcher toute monotonie mais assez longs pour prendre l’auditeur par les sentiments, est semblable à une peinture tant il est évident que quelques accords suffisent à Leech pour dessiner des paysages sonores éthérés. On aurait tort de s’en priver.

En concert le 3 mai à l’Archipel.

https://www.oisinleech.com/

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samedi 20 avril 2024

Britti : « Hello, I’m Britti »

 


Ce premier album de la chanteuse Brittany Guerin (aka Britti) vient, à merveille, contredire le lieu commun selon lequel la soul serait située à l’exact opposé de la musique country. Plutôt que de diviser la musique étasunienne en idiomes supposément blancs ou noirs, il conviendrait plutôt de distinguer les musiques urbaines et rurales, différencier le nord et le sud. Le sud, on imagine que Britti le connaît bien. Originaire de Bâton-Rouge (Louisiane), ayant tenté sa chance à la Nouvelle-Orléans pendant un temps, avant de tomber dans les fourches caudines de Dan Auerbach à Nashville et de son excellent label Easy Eye Sound. La patte experte de ce dernier a tissé l’écrin parfait pour le chant ouaté, intriguant et, avouons-le, terriblement sexy de la chanteuse. Un spectre assez large allant de la pure balade country (« Back where we belong ») délicatement soulignée de lap-steel, à la soul ("There ain't nothing") en passant par la charmante country-soul d’ouverture « So tired » en forme de trait d'union entre les deux univers. Le tout dessine un paysage rêvé où le chant regorgeant de feeling se frotte aux guitares et aux claviers soulful, développant un groove délicat. Quelques éléments pop subtilement glissés ça et là rendent le gumbo digeste et assez facile d’accès pour toutes les oreilles peu habituées à ces sonorités typiquement étasunienne. Une réussite.

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vendredi 19 avril 2024

Nadine Khouri : « Another Life »


Des changements de vie, « Another Life », Nadine Khouri en a connu plusieurs au cours de son existence. Née au Liban, ayant grandi en Angleterre avant de finalement s’installer en France, à Marseille. La phrase « Another Life », qui donne son titre au disque s’impose donc ainsi comme un leitmotiv lancinant traversant l’album. Outre le titre éponyme, la phrase revient par deux fois, flottant telle une ombre, au cours de ce deuxième effort de la chanteuse, en fin de programme, dans les chansons « Song of a caged bird » et « Box of echoes ». Le cœur de l’album bat ici : au gré des vicissitudes de l’existence, du vertige (« Vertigo »), des disparitions (« Briefly Here »), des fantômes (« Visitations ») et, en fil rouge, l’exil. Des thèmes forts émouvants que Nadine raconte de sa voix, grave et légèrement fêlée au fond de la gorge. La production, confiée à l’immense John Parish, est à l’avenant. Délicate et précise, comme s’il s’agissait de capter sur la bande un moment rare et précieux, un cérémonial qu’il serait malvenu de perturber. Hanté et habité, l’album dégage une magie rare (« Broken Light ») et une émotion palpable du moindre accord de guitare, du piano épars jusqu’au battement délicat de la batterie. Un album bouleversant.

En concert le 25 avril à l’Archipel

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jeudi 18 avril 2024

Malted Milk : « 1975 »

 


Absent depuis quatre ans et leur EP « Riding High », le groupe nantais est de retour avec un nouvel album de huit titres, au goût de trop peu compte-tenu de la qualité superlative dudit album. Frôlant la cinquantaine (le titre correspond à son année de naissance), Arnaud Fradin, tête pensante de la formation depuis le début, peut logiquement s’interroger, sur l’état du monde en règle générale, ou sur la pertinence de continuer dans un monde ne jurant plus que par l’écoute digitale. C’est auprès de l’Italien Marco Cinelli (leader des Cinelli Brothers) qu’Arnaud, qui plus est en grande forme vocale (cf. « I’m possible »), a retrouvé la lumière. Ce dernier intervient en tant que conseiller artistique, co-auteur de la plupart des titres et, surtout, arrangeur. Sa présence donne un véritable coup de fouet à la musique du groupe qui tâte de la puissance rock (« Love for yourself ») pour la première fois, presque un sacrilège pour une formation ne jurant que par le blues et la soul, ou funk sur le titre d’ouverture « 1975 », groovy, dansant et euphorisant à souhait. Ces quelques extras viennent pimenter avec bonheur un cocktail qui, comme d’habitude, tourne comme sur des roulettes depuis plusieurs années. Feeling, groove, émotions et puissance sonore viennent tour à tour chatouiller les oreilles des auditeurs pour le plus grand plaisir de ces derniers. Une réussite supplémentaire à mettre au crédit de Malted Milk, assurément l’un des meilleurs pourvoyeurs de soul actuellement en circulation en France.

En concert le 31 mai à la Maroquinerie.

https://www.malted-milk.com/

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JJ Milteau : « Key to the highway »

 


Sa carrière stoppée nette par la Covid, JJ Milteau s’imaginait à la retraite, rangé des harmonicas. Mais c’était faire peu de cas de la passion et, c’est avec l’aide de son comparse Johan Dalgaard (avec qui il anime une fois par mois l’émission Bon Temps Rouler sur TSF Jazz) que JJ a remis le couvert. Un nouvel album où il est pour la première fois accompagné (sur un titre) par son fils Toma à la batterie et quelques autres suspects habituels, les chanteurs Harrison Kennedy, Michael Robinson, Mike Andersen ou Carlton Moody. Au menu deux titres originaux et six reprises étonnantes plutôt puisées dans le répertoire rock (« Sunshine of your love ») ou folk (« Maggie’s farm », « Love the one you’re with ») et enregistrées, surprise, sans la moindre note de guitare, une rareté pour un disque de blues ! C’est aussi un signe de l’évolution de Milteau vers un registre plus soul, dans la lignée de Donny Hathaway, avec une prédominance des claviers, la promesse d’un moment langoureux passé en compagnie de ce disque. C’est un véritable plaisir de retrouver le phrasé si caractéristique de JJ à l’harmonica. Une réussite à savourer confortablement installé.

En concert le 21 mai au New Morning.

https://www.jjmilteau.net/

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vendredi 12 avril 2024

Ka & The Blue Devils : « Anywhere »

 


Évidemment, le nom du groupe, Blue Devils, ne laisse que peu de doute quant aux intentions musicales du groupe. Ce qui n’est pas sans signifier que ce deuxième effort du groupe est cousu de fil blanc. Loin s’en faut ! A peine le disque entamé, déjà, un première surprise nous saisi alors que le groupe développe un groove infernal sur « A piece of my heart » (sans rapport aucun avec Janis Joplin) clavier soulful à l’appui. S’il est entendu que Ka & The Blue Devils est un groupe de blues, les musiciens ont décidés de s’amuser et de picorer le plaisir là où il se trouve. Dans la soul ou le funk (cf. la première plage) ou dans un rock’n’roll 50’s rutilant comme un gros cube (cf. « Halley Blues ») et là réside une autre surprise, dans le chant en français, qui est presque plus convaincant qu’en anglais, servi par la chanteuse Ka (Carole Crimi), au registre étendu et au coffre impressionnant. Au final, onze titres, propres et carrés, sans temps morts et aux ambiances variées, parfaitement produits. Ka & The Blue Devils n’a pas la prétention d’avoir inventé la roue. Ils savent néanmoins la faire tourner avec un indéniable talent. Un album au plaisir d’écoute immédiat et à l’enthousiasme communicatif. A découvrir.

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jeudi 11 avril 2024

Nadine Khouri : "The Night Will Keep Us Warm"

 


Deux semaines tout pile avant de fouler la scène de l'Archipel, Nadine Khouri nous gratifie d'une chanson inédite. Comme à son habitude, la chanteuse nous envoûte de sa voix suave et de sa guitare aventureuse. Si on ignore encore si la nuit à venir nous gardera au chaud, la chanson en tout cas fait d'ores et déjà chaud au coeur. 

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The Reed Conservation Society + Natacha Tertone + Corde, Petit Bain, 10 avril 2024.

Quelques semaines après avoir sorti un premier album, chanté en entier dans la langue de Molière, The Reed Conservation Society continue sa révolution copernicienne en se présentant pour la première fois en quatuor, avec une vraie section rythmique, basse (Nicolas) et batterie (Cédric). Un changement loin d’être anodin et qui bouleverse la donne d’un groupe qui jusqu’à présent nous avait séduit par son atmosphère folk psyché délicate et ouatée. Un feeling qu’ils ont su garder intact sur certains morceaux (« Aux Rochers Rouges ») alors que d’autres (« Astronomy Divine ») ressortent transfigurés par ce véritable coup de fouet en forme de cure de jouvence. Cet aspect rock est hautement appréciable et la coda discoïde, le pied au plancher, du « Mont de piété » (en duo avec Natacha Tertone) restera longtemps dans la mémoire collective. Pour le reste Stéphane (guitare et voix) et Mathieu (guitare et trompette) font montre de leur virtuosité habituelle, entre arpèges délicats et trompette dégainée à l’occasion, chassant sur des terre mexicaines fantasmées. Un set de très haute tenue par un groupe en perpétuel mouvement.

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La scène du Petit Bain a été par la suite le lieu d’un petit événement, la renaissance scénique de Natacha Tertone pour son premier passage parisien depuis l’an 2000, année de la sortie de son premier, et pour le moment unique, album qui vient tout juste d’être réédité en digital, procédé balbutiant en 2000. Contrairement à l’époque, le groupe, autrefois un trio, se présente dorénavant en duo avec le batteur multi-instrumentiste Bruno Mathieu, l’unique rescapé de l’aventure. Une économie de moyens dopée par une instrumentation diverse, et parfois bricolée, flûte, glockenspiel, boite à musique et claviers divers. Les qualités vocales de Natacha sont intactes et transportent l’auditeur dans son univers entre candeur et brusques accès de fièvre électrique. Si le concert ne fut pas avare de bons moments (notre préféré restera ce rappel au débotté en allemand, joué en toute simplicité) on sent le projet encore en rodage, il ne s’agît après tout que de leur troisième concert après 24 ans de pause. Espérons pouvoir les retrouver, plus aguerris, très prochainement. Les occasions ne devraient pas manquer, un nouvel album étant annoncé pour l’an prochain.

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Avouons-le nous n’avions jamais écouté le trio lillois Corde avant ce soir, et la description qui nous en avait été faîte, évoquant à la fois le folk instrumental et le post-rock, nous laissait pour le moins perplexe. Aussi antinomique que puisse paraître la chose, c’est pourtant bien de cela qu’il s’agît, Corde symbolisant la rencontre de l’acoustique (le violon) et des claviers et autres boucles électro sur tempo flirtant avec un bpm techno. Accompagné d’un flot incessant d’images projetées sur le mur du fond, nous sommes proches d’un ciné-concert, le trio propose un véritable voyage, d’ailleurs le groupe utilise autant le mot « histoires » que « morceaux » pour décrire sa musique, en terra incognita musicale ; dans lequel on croit déceler quelques inspirations celtiques (le violon). Climats et atmosphères alternent du plus doux et éthéré, à de brusques accélérations dues à la batterie et à la basse électrique. Une proposition musicale ambitieuse, forte et très dense, qui nécessite du temps et une écoute répétée, au calme et posée, pour être pleinement digérée et appréciée. Rares sont les groupes à projeter une telle ambition, utilisant un instrument lead, le violon, assez inusité dans le post-rock, nous la saluons et l’apprécions à sa juste mesure.

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mardi 9 avril 2024

Parlor Snakes : « Cut Shadows »

 


« C’est la vie des groupes » ont coutume de dire les musiciens confrontés aux changements incessants de line-up. Depuis 2011, année de sortie de leur premier album, la route a été longue pour les Parlor Snakes, le groupe n’a pas échappé à la règle et a changé de section rythmique à chaque nouveau disque avant de finalement se résoudre à admettre, lors de l’enregistrement de leur album précédent, qu’intrinsèquement le groupe se résumait au duo Eugénie Alquezar (clavier, chant) et Peter Kryznowek (guitare) qui ont à eux deux signés la totalité du corpus du groupe. Une prise de conscience qui a grandement fait évoluer la proposition musicale du duo, l’éloignant, dans la forme seulement, du rock fiévreux et reptilien des débuts, pour ouvrir la porte aux boîtes à rythmes (sur trois titres), laisser le champ libre aux synthés d’Eugénie, beaucoup plus présents qu’à l’accoutumée, et, enfin, pousser Peter le guitariste à jouer de la basse, un instrument dont il n’avait pas l’usage jusqu’alors. Dès les premières notes de ce quatrième effort (cf. « To begin again » au titre prophétique), le groupe hypnotise à grandes lampées synthétiques (« Voices » ; « Eyes on the machine » à la coda tourneboulante), contrecarrées par une guitare toujours électrisante (« City Burns »), lorgnant, sans nostalgie aucune, vers la cold wave des années 80. Dans ce nouveau contexte, la voix d’Eugénie dévoile des ressources, haut perchées dans les aigus notamment, qu’on lui ignorait totalement. Un album envoûtant finalement beaucoup plus mélancolique (« 100 miles from the shore ») que réellement froid ou dark et, quoiqu'il en soit, une sublime réussite.

Sortie le 19 avril.

Showcase le 16 avril (Balades Sonores) et en concert le 13 juin (Petit Bain).

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lundi 8 avril 2024

Rosaway : « Girl(s) »

 


Déjà repéré avec un premier EP en 2020, le duo atypique composé de Rachel Ombredane (voix et flûte) et Stéphane Avellaneda (batterie) est de retour, avec un premier album en bonne et due forme. En choisissant un motif boule à facettes pour orner son disque physique, le duo donne une indication certaine sur ses intentions. Festif et enjoué, ensoleillé, une manière de contrebalancer la profondeur du propos, l’album, conçu comme un hommage à la gent féminine, remet au goût du jour une période mésestimée, et régulièrement oubliée des amateurs de soul : les années 1980. S’il est majoritairement question de groove disco, funk et électro (« Simplement moi » ; « Corinna »), l’album explore également une facette jazzy (« Blue Skies ») alors que le chant de Rachel ancre définitivement la chose dans la soul. A noter enfin deux curiosités : une reprise méconnaissable de « Saint James Infirmary », un clin d’œil de Stéphane à son passé sur la scène blues (qui ne manquera probablement pas de faire bondir les puristes) et le français qui fait une apparition impromptue (mais appréciable) sur trois titres : « Simplement moi », « Blue Skies » et « Midnight ». Voici en tout cas le disque idéal pour groover sur la plage au soleil, l’album de l’été est en avance.

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dimanche 7 avril 2024

Michelle David & The True Tones : « Brothers & Sisters »

 


Une forme de nostalgie nous serre le coeur à l’écoute du nouvel album de la chanteuse étasunienne, exilée de longue date aux Pays-Bas. Un groove dévastateur au charme suranné irrésistible, alimenté avec force percussions, un grain de voix puissant, n’hésitant pas à crier à l’occasion et, pour finir quelques coup de cuivres bien sentis, comme autant d’uppercuts dans les oreilles, les points de comparaison avec la regrettée Sharon Jones (décédée en 2016, il y a déjà huit ans !) abondent. Orphelins nostalgiques de la chanteuse, voici de quoi vous sustenter ! Accompagné de son groupe hollandais, devenu The True Tones après avoir débuté sous le nom de Gospel Sessions (un nouveau patronyme qui dans le fond ne change pas grand-chose à l’affaire) la chanteuse scintille de mille feux avec ce nouvel effort. Mais au-delà de la comparaison flatteuse avec Sharon Jones, Michelle David exprime une personnalité différente de son modèle qui lui est propre, dans un registre allant du blues (« More Grace » ; « Peace ») à la pop girl group (« Miracles ») aux accents plutôt ancrés dans les années fin 1950, début 1960. En dehors du groove emportant tout sur son passage, les ballades doucereuses et mélancoliques (plutôt regroupées en fin de programme) sont l’autre genre nourricier de ce nouvel album à la production aussi méticuleuse et réussie que celles du label Daptone. Une réussite !

En concert au Cabaret Sauvage le 11 juin 2024.

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jeudi 4 avril 2024

Nadine Khouri en concert le 25 avril à l'Archipel


La sublime folk aérienne de la chanteuse libanaise Nadine Khouri sera à savourer sur la scène de l'Archipel le 25 avril prochain.

 RESERVATIONS

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Natacha Tertone : « Le grand déballage » (2000)

 


Et dire que l’album débute par ce titre, involontairement prémonitoire, intitulé « Les occasions manquées » ! Sorti en 2000, ce premier, et pour l’instant unique, album a valu à la Lilloise quelques honneurs, des passages aux festivals des Inrocks, Chorus 92 ou Dour, et des chroniques élogieuses. Et puis plus rien. Tensions artistiques avec les membres de son groupe, son label B pourquoi B parti en carafe, Natacha a progressivement abandonné la musique, laissant en plan un deuxième album inachevé. Et puis, vint la renaissance artistique inattendue. Cette année 2024, on l’a écouté chanter avec ses amis de The Reed Conservation Society, avant de retrouver la scène le temps d’une tournée et la sortie annoncée d’un nouveau disque pour l’année prochaine.

En attendant nous pouvons nous délecter de la réédition de ce fameux premier album dont l’écoute nous plonge dans un entre-deux étrange. Tout d’abord parce que quelques indices indiquent le passage du temps (cf. « Les cartes postales à deux francs ») sans pour autant que l’album ne subissent l’outrage de ce dernier. Le fait est que la proposition musicale de Natacha Tertone est suffisamment singulière, forte en personnalité, pour ne rentrer dans aucune case et éviter tout vieillissement prématuré. La question se pose au fur et à mesure que l’auditeur progresse dans sa (re)découverte de l’album. Qu’est-on en train d’écouter au juste ? De la chanson française ? De la pop indie et lo-fi (« C’est ») cédant parfois aux accents rock bruitistes de guitares déchaînées (« Déjà le temps) ? Un peu tout en même temps en fait, et, mis bout à bout, un univers singulier, un labyrinthe musical dans lequel il fait bon se perdre, se met en place devant nos oreilles ébahies. Avec une constante, cette mélancolie prémonitoire qui prend à la gorge (« Tous ces moments ») et qui, 24 ans après, n’a rien perdu de son acuité. Et puisqu’on en est aux vœux pieux, souhaitons à Rachel des Bois de ressortir des limbes à son tour…

En concert le 10 avril au Petit Bain (première partie de The Reed Conservation Society)

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mardi 2 avril 2024

Hoboken Division : « Psycholove »

 


Sept ans après la sortie de leur dernier album, Hoboken Division est de retour avec un nouvel album tourneboulant au possible et une formule considérablement renouvelée. Élargissant leur horizon le trio ne fait plus du blues une obsession au sens strict même si ce dernier à laissé une trace sur "Twice as Sharp". Ayant plongé avec délice dans le monde merveilleux des pédales d’effets et autres claviers, le guitariste Matthieu Cazanave s’en donne à cœur joie réveillant au passage quelques fantômes, ceux du Velvet Underground, de Jesus and Mary Chain ou des Stooges. A ces influences fortes en décibels, le groupe ajoute une note psychédélique de bon aloi (« Psycholove ») ou un orgue assez dark (« Legion ») qui vrille le cerveau et les oreilles de l’auditeur. Jouant avec brio de la répétition hypnotique (« Never stand still » ; « Fool Moon ») sous la houlette du batteur Thibault Czmil, l’album prend à la gorge. Le chant habité de Marie Rieffy (en français à la Jacqueline Taïeb sur « Jackie ») ajoute la dernière couche, celle, fatale, qui fait succomber. L’auditeur exsangue n’a alors plus d’autre choix si ce n’est de s’abandonner à ces compositions obsédantes. Signalons enfin la sublime pochette (comme d’habitude) signée Jean-Luc Navette qui a pour l’occasion abandonné son noir et blanc habituel pour une touche de rouge incarnant à merveille l’incandescence de ce nouvel effort vénéneux.

En concert le 12 mai à La Boule Noire.

https://www.facebook.com/hobokendivision/

http://www.hobokendivision.com/








lundi 1 avril 2024

Sunn O))) Le 6 avril à l'Elysée-Montmartre


 

Le duo de guitaristes Stephen O'Malley et Greg Anderson se produira en version minimale sur le scène de l'Elysée-Montmartre samedi prochain. Grand voyage immersif dans le son en perspective...

Billetterie

vendredi 29 mars 2024

Térez Montcalm : « Step Out »

 


Qualifiée de « plus rock des chanteuses de jazz », qualification qu’elle réfute, Térez Montcalm est, avant toute chose, une remarquable chanteuse à la voix fêlée et rocailleuse, dans un registre proche de Janis Joplin, un aspect hélas un peu trop forcé sur ce nouvel album, tant son timbre unique ne laisse pas indifférent, dans un sens ou dans l’autre. Se considérant elle-même avant tout comme une interprète (ce qui ne l’empêche pas de signer quelques titres de sa plume), la chanteuse, éclectique à l’aise aussi bien dans le jazz, la soul que le rock, brille naturellement dans le domaine de la reprise. Et c’est précisément dans cet exercice de la reprise que s’inscrit l’identité québecoise de la chanteuse. Le Québec ce territoire francophone isolé en Amérique du Nord, situé au confluent de plusieurs cultures, où le français et l’anglais s’amalgament. Exactement ce que l’on retrouve sur le nouveau disque de la chanteuse que l’on voit s’attaquer aussi bien aux caciques de la chanson française, « J’attendrai » de Claude François (qui n’est autre que l’adaptation française de « Reach out, I’ll be there » des Four Tops) qu’aux classiques du rock anglais (« She’s not there » des Zombies) ou américain (« Trouble » d’Elvis Presley). Entouré d’un trio de musiciens (guitare, basse et batterie) absolument remarquable, les mêmes que l’on retrouve sur scène, la chanteuse, également guitariste, donne une nouvelle jeunesse à ces classiques, méconnaissables, et mus par une énergie contemporaine ne négligeant pas le swing et le groove. Ainsi, l’excellente impression laissée par le disque sera confirmée par le concert du 26 mars au Studio de l’Ermitage où l’aspect un peu forcé du chant sur disque sera atténué, pour le plus grand bien de la musique. En sus des titres ci-dessus mentionnés, la chanteuse, dotée d’un sens de l’humour ravageur, s’attaquera également à une version française de « Fever » (différente de celle de Marie France) ainsi qu’à Jimi Hendrix ! En résumé toutes les musiques que l’on aime dans la même soirée, cette dernière ne pouvait qu’être réussie !

https://terezmontcalm.net/

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mardi 12 mars 2024

Gjenferd : « Starless »

 




Il est probable qu’en appuyant sur la touche play, l’auditeur ne s’attendait pas à ça… Tout droit venu de Norvège ce single de Gjenferd se pose là en termes d’odyssée musicale. Loin des codes imposés par l’industrie musicale la chanson dure sept minutes, soit largement le temps pour le groupe d’explorer toutes sortes de facettes de leur art. Ainsi après une intro marqué par le métal et le doom lancinant, le groupe s’échappe dans une longue dérive psychédélique, comme dans les 70s, où se croisent métal et blues, orgue acide et groovy à l’appui avant le coup de rein final. C’est du grand art !

https://www.facebook.com/gjenferdband




lundi 11 mars 2024

Monseigneur : « Nous ne vieillirons pas ensemble »



C’est dans la mince frontière séparant le psychédélisme (cf. les percussions en intro) au rock puissant chargé en guitare sous influence Led Zeppelin, que s’engouffre avec bonheur Monseigneur avec tout premier single. Le texte en français (c’est, hélas, suffisamment rare pour être souligné) rappelle le regretté Alain Bashung. S’il est difficile d’affirmer après un seul titre que nous tenons là la nouvelle pépite du rock français, notre curiosité est définitivement éveillée.

https://www.facebook.com/monseigneurmusic


vendredi 8 mars 2024

Maxwell Farrington & le SuperHomard : « Please, Wait... »

 


La collaboration entre l’hyperactif chanteur australien exilé et le musicien français avait fait des étincelles en 2021 avec un album de très haute tenue suivi d’un EP d’excellente facture sorti quelques mois plus tard ; deux sorties couronnées d’un succès critique sans appel. Autant dire que le duo était attendu au tournant avec ce deuxième album en commun. Loin d’évoluer dans les mêmes sphères, ce nouveau disque marque une évolution stylistique significative. Moins immédiat, moins facile d’accès, le duo délaisse la pop/folk primesautière des débuts pour une sorte de sophistication froide proche, dans l’esprit, de Scott Walker. Une évolution perceptible dans le chant de Maxwell Farrington, plus crooner que jamais. Pour le reste, le SuperHomard (Christophe Vaillant pour l'état civil) sort le grand jeu : piano, envolées de cordes, une pointe synthétique discrète de temps en temps, clavecin. La production est à n’en point douter classieuse (la merveilleuse « Postprandial Promenade » enluminée par la présence de la non moins merveilleuse Nadine Khouri) ; nous saluons la prise de risques tout en regrettant que les nouvelles compositions ne soient plus aussi euphorisantes.

En concert le 30/05 à La Maroquinerie

https://www.facebook.com/lesuperhomard/





jeudi 7 mars 2024

Nick Wheeldon & The Living Paintings : « Waiting for the piano to fall »

 


Adepte des expériences insolites, Nick Wheeldon, l’Anglais de Sheffield installé en France, nous invite une nouvelle fois à une sorte d’happening. Changer de costume est une habitude pour l’Anglais qui n’a de cesse de monter (ou de démonter) les groupes qui l’accompagne, et de travailler sur plusieurs albums en même temps. Ainsi les membres de la formation qui l’occupe en ce moment, The Living Paintings, ne s’étaient jamais rencontrés auparavant et, bien évidemment, n’avaient jamais joué ensemble. Le nom du groupe se révèle particulièrement bien trouvé. Car écouter l’album qui en découle, enregistré en direct en cinq jours, c’est un peu comme assister à un happening sonore. Une expérience en soi, du douloureux cri d’ouverture (« Stamping on Daffodils », Alex Chilton n’est pas bien loin) à la plus enlevée « Isaak » (excellente soit dit en passant). Chanteur et musicien caméléon, Nick Wheeldon est toujours à la recherche de la surprise, une manière de fuir le confort et la routine. Une recette gagnante tant ce nouvel effort regorge de pépites folk déconstruites sous les coups de butoir des musiciens, emportés par la folie du moment, telle une tempête emportant tout sur son passage. Excellent.

En concert solo le 8 mars à la Pointe Lafayette.

https://nickwheeldon.bandcamp.com/album/waiting-for-the-piano-to-fall-2

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mercredi 6 mars 2024

Freddy Miller : « Just be yourself »

 


Naguère chanteur de feu Shake your hips ! Freddy Miller poursuit son parcours en solo avec ce nouvel effort. Sois toi-même nous indique le titre de ce nouvel effort, sorte de leitmotiv pour le chanteur venu du blues qui a choisi de se placer au confluent de plusieurs cultures pour ce projet solo. De blues il est bien évidemment question (cf. la deuxième piste tutélaire), mais le genre constitue plutôt une trame générale pour le projet qui ne s’interdit pas d’aller picorer ailleurs au gré des envies de la soul / rhythm’n’blues, cuivres rutilants à l’appui, aux riffs rock’n’roll de guitares surpuissantes. Autant d’idiomes que le chanteur s’approprie avec bonheur grâce à son grain de voix rauque et puissant, à l’aise dans tous les registres. Un très bel album produit avec soin et passion.

https://freddymiller.fr/

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lundi 4 mars 2024

François Premiers : « Salamander Shuffle »

 


Il existe dans nos contrées un formidable groupe de rock’n’roll dont on parle relativement peu : François Premiers ! Manière de supergroupe havrais la formation s’articule autour de deux François, survivants des années 1980 : François Lebas (Fixed Up, Backsliders) et Frandol (Roadrunners) qui est justement l’auteur de cette nouvelle chanson. Relativement rare sur scène (du moins à Paris), le groupe l’est également sur disque ne sortant jusqu’à présent que des 45 tours. Le quatrième est prévu à la fin du mois et est, une nouvelle fois, une petite merveille de rock’n’roll aux effluves psychédéliques (ah cette mandoline électrique !) toute droit sortie des années 60.

https://poseurrecords.bandcamp.com/

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jeudi 29 février 2024

Fomies : « Ominous Prominence »

 


Relativement méconnu, totalement inaperçu jusqu’ici sur nos radars, le groupe suisse Fomies sort son cinquième album. Et quel album ! Tout débute avec cette pochette, aussi sublime qu’inquiétante, une sorte d’évocation des griffes de la nuit. La chose se vérifie à l’écoute et se révèle aussi dangereuse que les mains du monstre représentées sur la pochette. En résumé, le groupe saisit l’auditeur à la gorge pour ne plus desserrer son étreinte létale. Tous les moyens sont bons, guitares saturées et furieuses, pédales fuzz endiablées, rythmique menée à fond la caisse. Non content d’assommer l’auditeur sous les décibels, le groupe porte le coup de grâce en nous hypnotisant totalement. Ainsi les merveilleuses « See » et « The Seeker » ajoutent une dimension répétitive psychédélique à tout le raffut punk et garage rock qui a précédé (et qui va suivre!) Et plus on avance dans l’écoute, plus il devient difficile d’y résister. Aussi bon que du King Gizzard and The Lizard Wizard ! Comment avait-on pu y échapper jusqu’alors ?

https://www.facebook.com/fomies/

https://fomies.bandcamp.com/album/ominous-prominence





mercredi 28 février 2024

Venus Worship : « Relapse »

 


A l’instar de tous ces groupes que nous chérîmes durant les années 1990, Venus Worship fait du boucan, beaucoup de boucan. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, la guitare, certes omniprésente, n’est qu’un élément dans ce power trio où les instruments n’ont de cesse de se répondre les uns, les autres. Et c’est précisément à cet instant que les choses deviennent intéressantes, dans les changements brusques de direction que s’autorise le groupe (« So it’s war »). Des sorties de pistes, hors des sentiers balisés, qui font brusquement ressurgir les émotions, cachées sous la saturation des guitares, et qui sont également incarnées par le chant. A noter pour finir, le groupe est également très habile dans un contexte lancinant et moins saturé (« Relapse ») voire popisant (« Never give up » tube en puissance) qui fait ressortir à plein la dimension émotionnelle du trio. Prometteur et à confirmer sur le format long.

https://venusworship.bandcamp.com/album/relapse

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mardi 27 février 2024

Kloé Lang : « Ce que la nuit »

 


Avec ce premier EP, Kloé Lang, également actrice et réalisatrice, s’inscrit dans une veine particulière. Celle d’une chanson française, respectueuse du passé, il est difficile de ne pas penser à Barbara à l’écoute de son élocution toute en émotions, mais également ouverte sur le présent. Classique mais pas rétro pour résumer. Electronique et organique à la fois, le disque (réalisé par Michael Wookey) déborde de trouvailles sonores, du jouet trafiqué au clavier vintage. Le tout plonge l’auditeur dans un entre-deux, pris par la mélancolie palpable des compositions tout autant que captivé par cette bulle nocturne et intime. « Aimez moi » proclame Kloé en conclusion de cet EP, difficile en effet de ne pas succomber.

En concert le 6 mars à La Manufacture Chanson

https://www.facebook.com/kloelang.music/

https://kloelang.bandcamp.com/

https://www.kloelang.com/





lundi 26 février 2024

LeanWolf : « Limbo »

 




Une attaque tranchante de guitares, son saturé et amplis dans le rouge, contrebalancée par de larges rasades d’orgue groove et soulful, non, vous n’êtes pas en train d’écouter le fabuleux « Southern Harmony and Musical Companion » des Black Crowes (1992) mais le nouvel EP de LeanWolf (aka Quentin Aubignac). Racé, sauvage et fort en bouche, le rock de LeanWolf réussit ainsi à investir un terrain plus nuancé et soul. L’orgue certes, mais le chant à s’arracher les cordes vocales sous le coup de l’émotion, cassure soul au fond de la gorge, et le groove de la guitare à la lisière du funk (« Frustration ») y sont aussi pour beaucoup. A cheval entre deux cultures, le blues, jamais franchement exprimé mais subtilement évoqué à plusieurs reprises, rode tout au long de ces six titres, y compris lorsque les watts sont en sourdine (cf. la ballade « Everybody needs a woman » , l'acoustique "The angels sing today" qui ponctue le disque). L’écoute de ce nouvel EP nous confirme cette vérité éternelle : les meilleurs groupes de rock ont toujours été ceux possédant le sens du groove…




dimanche 25 février 2024

Nat Myers : « Yellow Peril »

 


Nat Myers, jeune américano-coréen empoigne sa guitare folk et c’est parti comme en 40 ! Ou, plus précisément 1930, si on prend en compte les influences, du delta-blues au folk voire la country, qui habitent l’imaginaire du jeune homme. Guitare picking ou dobro, un simple kick-drum pour marquer le temps, banjo, mandoline, washboard et contrebasse, Nat Myers nous entraîne dans un sacré périple défiant le temps. Car si la forme reste volontairement rétro, c’est d’ailleurs là que réside tout le charme de l’album, dans cette intimité défiant le temps et les modes, le fond est animé de préoccupations tout ce qu’il y a de plus modernes. Ainsi, Nat Myers n’a de cesse de dénoncer ce péril jaune (« Yellow Peril ») qui a saisi le monde d’effroi lors de la pandémie de Covid et qui lui a fait prendre conscience de son appartenance à la communauté asiatique montrée du doigt et désignée responsable de la catastrophe. Une forme de racisme, ignorée jusqu’alors du chanteur, et qui le fait rejoindre en les grands bluesmen qui l’on inspiré (Robert Johnson, Skip James, Leadbelly et consorts). Un album de très haute tenue produit par Dan Auerbach, de plus en plus incontournable dans ce genre de productions raciniennes.

https://www.facebook.com/natmyersyall/




samedi 24 février 2024

Stella Burns : « Long walks in the dark »

 


En matière cinématographique, on appellerait ça un western spaghetti. Derrière le pseudonyme mystérieux de Stella Burns, se cache en réalité le musicien italien Gianluca Maria Sorace (un ex-Hollowblue) et son dernier album, une collection assez fantastique de ballades entre folk et western, c’est un peu l’Italie qui rêve des grands espaces étasuniens, c’est une poursuite à cheval filmée à Cinecittà. Une illusion est plus vraie que nature prête à transporter l’auditeur en plein désert. Ainsi, à de nombreuses occasions, l’album défriche des terrains autrefois chevauchés par Calexico, arpèges folk et trompette mexicaine (un autre genre de latinité) à l’appui (cf. « Amor », « Long walks in the dark »). A ces éléments, Stella Burns ajoute un sens de l’épique typiquement cinématographique (« Love and thunder » qui sonne comme une bande originale) et une noirceur générale assumée. De fait, des raisons de « marcher longtemps dans le noir », Stella Burns n’en a pas manqué ces dernières années. La camarde rode autour de ce disque, marqué par les disparitions des ses collaborateurs et amis Dan Fante (dont on entend la voix enregistrée, déchirante et comme venue d’outre-tombe, sur la prémonitoire « I want to be dust when I’m done »), de son ami musicien Franco Volpi et enfin du propre père de l’artiste. C’est pourtant sur une note d’espoir que l’album se termine avec « We cannot decide » écrite et enregistrée en quarantaine, alors que Stella Burns sortait de l’hôpital après avoir contracté la Covid. Enfin, comme toute bonne série B italienne qui se respecte, l’album compte son lot de guest stars anglo-saxonne, Ken Stringfellow (aperçu aux côtés de R.E.M.), Mick Harvey (que l’on ne présente plus) et Marianna D’ama (aux côtés de Timber Timbre en live). De la belle ouvrage.

https://stellaburns.bandcamp.com/

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https://www.stellaburnslovesyou.com/




jeudi 22 février 2024

The Reed Conservation Society : « La société de préservation du roseau »

 


Attention, c’est un petit événement que tous les amateurs de pop attendaient, The Reed Conservation Society, sort son très attendu premier album ! « La société de préservation du roseau », titre miroir, traduction littérale du patronyme du groupe dans la langue de Molière, indiquant une évolution importante dans la trajectoire du duo composé de Stéphane Auzenet et Mathieu Blanc qui, pour la première fois, s’exprime en français, après une remarquable triplette d’EP chantés en anglais. Un pas important ajoutant une dimension nouvelle au groupe, certains textes abordant des thèmes assez sombres telle, « A cœur joie » qui ouvre les festivités en évoquant la violence conjugale derrière un vernis pop luxuriant. Et il s’agît là d’un aspect du groupe qui jusqu’alors nous avait toujours échappé. Pour le reste l’état d’ébaudissement qui saisit l’auditeur dès le premier titre dure finalement toute la durée de ce merveilleux album. Délicats arpèges de guitares (« Le Tamis », « Molly »), détours bienvenus vers la bossa-nova (« Aux rochers rouges ») et autres ambiances latines aux confins du western (« Pylônes ») ; TRCS mets les petits plats dans les grands pour envoûter l’auditeur et le charmer tel un serpent. Remarquablement produit et nourri aux influences de la meilleure eau pop, folk et psychédélique. Enfin, habitué aux collaborations avec de nombreuses chanteuses, TRCS nous a réservé une surprise de taille en invitant Emma Broughton (Blumi) et, surtout, Natacha Tertone (perdue de vue depuis la sortie de son unique album « Le grand déballage » en 2000, bientôt réédité soit dit en passant) sur deux titres qui signe ainsi son retour en grandes pompes avant de retrouver bientôt la scène. Tout juste se permettra-t-on de regretter l’absence de la merveilleuse « Sonoma », régulièrement jouée en concert, toujours inédite dans sa version studio, et mystérieusement absente ici. Un regret minime au regard du niveau atteint par le groupe, assurément devenu une des meilleures formations pop folk du moment.

En concert le 10 avril au Petit Bain

https://www.facebook.com/TRCSfrenchband/

https://thereedconservationsociety.bandcamp.com/album/la-soci-t-de-pr-servation-du-roseau-2




dimanche 18 février 2024

Leyla McCalla + Rihannon Giddens, Festival Sons d’Hiver, Maisons des Arts de Créteil, 10 février 2024.


Cette dernière soirée du festival s’inscrit sous le signe des retrouvailles au sommet, celles de Leyla McCalla et de Rihannon Giddens, toutes deux ex-membres Carolina Chocolate Drops et réunies le temps de ce plateau superbement pensé par l’équipe, de quoi nous consoler de la suppression (provisoire?) de l’habituel concert du vendredi en ce même lieu. Une seule soirée au lieu de deux, les temps sont durs…

Leyla McCalla, donc. Née à New-York, d’origine haïtienne et installée depuis quelques années à la Nouvelle-Orléans, la chanteuse a depuis entamé une exploration de la créolité sous toutes ses formes et tente de trouver des points de convergences entre la tradition musicale cajun (typique de New Orleans) et la musique haïtienne. En creux, c’est aussi une éloge de la francophonie, tous les participants faisant l’effort de s’exprimer dans la langue de Molière. En l’espèce, la violoncelliste et banjoïste s’est entouré de quatre musiciens, Louis Michot (chant, violon), l’immense accordéoniste Cory Ledet (spécialiste du zydeco) et deux percussionnistes haïtiens : Claude Saturne et Kebyesou. Une sorte de grand écart s’effectue alors devant nos yeux ébahis entre le violon (fiddle) et l’accordéon, tenants d’une tradition proche de la country et les percussions d’obédience plutôt africaine, pas très éloignées de la transe. Tout ce beau petit monde ainsi réuni réussit à jouer ensemble, confortant l’adage selon lequel la musique n’a pas de frontière. Un très beau moment.

La venue de Rihannon Giddens quant à elle fait figure d’événement immanquable tant la chanteuse (elle aussi également banjoïste) se fait rare sur scène de ce côté-ce de l’Atlantique. Un changement d’ambiance se fait immédiatement sentir dès les premières notes de la contrebasse, la puissance du groupe au grand complet (dans lequel on reconnaît Attis Clopton, l’ancien batteur d’Eli « Paperboy » Reed and The True Loves), guitares électriques et claviers, enveloppe immédiatement l’auditeur, en opposition à l’intimité ressentie lors de la première partie. Pieds nus sur son petit tapis de sol, la chanteuse dégage une puissance vocale phénoménale débordant d’émotions, idoine pour incarner ce subtile mélange de blues, soul et jazz teinté de folk traditionnel, incarné par le banjo. Enfin, nous avons vécu un grand moment d’émotion lorsque Leyla McCalla a rejoint sur scène (par deux fois) son ancienne compagne de jeu, comme le dit Rhiannon Giddens : « We go way back » (nous deux, ça remonte à loin). Une très très belle soirée. A l’année prochaine !